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Pierrick Bourgault – No Photo No Logo – Cultur'elles
NP-25-D

Pierrick Bourgault – No Photo No Logo

Pierrick Bourgault, journaliste, photographe et écrivain répond à nos questions…


Comment avez-vous eu l’idée ou l’envie d’écrire sur le thème de l’image à outrance dans les réseaux sociaux ?
Car le lien entre les comportements humains et les technologies est un sujet passionnant. En 1985, j’avais publié Minitel et micro-ordinateur, un ouvrage enthousiaste sur les possibilités de la communication numérique pour s’informer, transmettre des données, prendre des billets de train, converser via des messageries…
Certes, le Minitel avait des limitations: il était confiné à la France et ne transmettait ni images ni sons. Mais tout le territoire était démocratiquement couvert – ce qui n’est pas le cas avec Internet, ni avec les téléphones portables qui ont tous deux des “zones d’ombre”, encore aujourd’hui. L’image est nécessaire aux publicitaires, elle ne l’est pas pour le citoyen lorsqu’il ne l’a pas demandée. Cela m’agace de subir une pub et de devoir attendre quand je prends un billet de train, le service pourrait être infiniment plus rapide et pratique.


Pensez-vous que ce fait de société soit uniquement négatif ?
Le smartphone est un outil formidable pour trouver ou vérifier des informations, communiquer, s’orienter (avec les applis GPS), photographier… Ce qui m’afflige, c’est de voir, au café, au restaurant, en famille, entre amis, toutes ces personnes, toutes générations confondues, figées durant des heures devant leur minuscule écran, en silence.
Le monde qui nous entoure est tout de même plus intéressant et réel que cette lucarne minuscule d’images choisies et mises en scène par des inconnus. Ce monde réel, on le perçoit par ses cinq sens et dans toutes ses dimensions. Le smartphone greffé à la main, prolongement ou prothèse du cerveau, mémoire additionnelle, ne risque-t-il pas plutôt de diminuer l’humain dans ses capacités d’observation, de parole, de réflexion, de calcul, d’anticipation, d’intuition? Va-t-il nous rendre plus bêtes?


Est-ce que ces attitudes soient seulement dues aux avancées techniques/technologiques et à la facilité d’utilisation des smartphones ?
En effet, le thème de mon essai est bien, comme vous l’écrivez, “l’image à outrance sur les réseaux sociaux” car les deux sont liés depuis l’arrivée du smartphone qui photographie ET des réseaux sociaux qui publient. Photographier en illimité et gratuitement (du moins, en apparence), afficher et envoyer immédiatement dans le monde entier, comptabiliser son succès avec des “like”, comme des points dans le sport, voilà la recette magique de l’emballement planétaire.


Comment réagissent les lecteurs et le public à votre livre ?
Personnellement, quel est votre rapport avec les images au quotidien ? Je continue à photographier, mais je suis plus exigeant avec mes images. J’ai arrêté de capturer tous azimuts, de faire l’aspirateur à images, je consacre davantage de temps à celles que j’ai déjà réalisées. J’essaie d’observer avec mes cinq sens, de mémoriser. Dans la rue, à la campagne, je vois davantage de choses.


Que pensez-vous des dangers de ces pratiques ?
C’est là que le tableau se noircit… Ce compagnon intime, à qui l’on confie souvent davantage qu’à son conjoint (quels sont les couples qui partagent leur smartphone?) n’est pas désintéressé. Il vous coûte à l’achat, plus l’abonnement mensuel. Il demande votre temps, votre attention. Les services gratuits (Google, Facebook…) sont en réalité des régies publicitaires ultra-ciblées qui se rémunèrent grassement avec vos données.
Au niveau écologique, c’est une catastrophe: la fabrication, le transport, l’énergie pour utiliser et éliminer ces petits jouets peu durables ont un coût environnemental et humain considérable. Les data centers participent au réchauffement climatique. On ne le voit pas, mais des paysans sont spoliés de leurs terres et deviennent ouvriers exploités dans des usines. L’esclavage moderne, le nouveau colonialisme. En Europe, la vente sur Internet concurrence les magasins et détruit des emplois locaux. Les frais de port ne sont pas justes: Amazon paiera moins pour envoyer un produit de Chine qu’un apiculteur de la Sarthe qui veut expédier un pot de miel au Mans !
Enfin, on l’a vu avec plusieurs élections, il est possible d’influencer le public via les réseaux sociaux. La démocratie est en péril. J’oubliais le danger individuel du téléphone dans la poche, à la tête du lit, toujours près de soi, car les constructeurs mentent sur le niveau réel des ondes émises. C’est un scandale nommé phonegate, dont on commence à parler. Avec le wifi et les compteurs linky, les ondes se multiplient. On sait pourtant que le vivant est sensible à la notion de dose. Comme pour le vin : deux verres ça va, douze bonjour les dégâts…


Quels seraient selon vous les mesures à prendre pour éviter les dérives ?
C’est à chacun de résister à cet emballement, à ce besoin d’exister virtuellement et de recevoir des “like”. Le monde réel est plus intéressant. Aucune application de méditation ne remplacera une balade en forêt pour l’esprit et le corps – qui reste plié et immobile tandis que les doigts s’agitent. Dans son cartable, un enfant promène une puissance de calcul bien supérieure à celle que la NASA utilisait pour envoyer des fusées sur la lune – est-ce nécessaire à son développement mental et affectif? A-t-on réellement besoin de la 5G?


Quels conseils donneriez-vous pour trouver l’équilibre dans notre gestion des images à l’heure actuelle ?

Essayons de passer davantage de temps avec les gens qu’avec les écrans. De mieux profiter des images que l’on réalise. L’heure est à la décroissance, qui consiste à consommer moins pour mieux vivre. A votre santé !


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