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Sylvère Lamotte – Compagnie Lamento – Cultur'elles
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Sylvère Lamotte – Compagnie Lamento

Sylvère Lamotte est un chorégraphe faisant partie de la Compagnie Lamento, On lui a demandé des informations concernant sa passion.


Quels ont été vos inspirations pour créer la chorégraphie de Ruines?
Pour Ruines je suis parti d’un constat: nous sommes nous-même les acteurs d’une sublimation du réel qui nous entoure. D’un souvenir également du Christ en croix, qui est pour moi une image terrible, mais qui soulève les foules et surtout inspire à la beauté. Partant de ce principe j’ai décidé d’aller puiser dans une iconographie très précise, William Bouguereau, Le Titien ou encore le célèbre Caravage en les mélangeant à des photos beaucoup plus terrifiantes empruntées à de grands combats de MMA ( Mixed MArtial Art, je précise pour Le Mans qui sont connues pour les assurances) et de Free Fight. Et de questionner le public dans un rapport de portant porté entre les danseurs, dans une grande lenteur, sur cette main de la vierge qui peut devenir celle du bourreau puis celle de la délivrance. Malgré les heures de répétition sur la technique de porté je souhaitais que le regardeur, celui qui finit l’oeuvre, s’accroche aux détails. Exactement comme face à ces oeuvres. Que les gens repartent avec une intuition: le beau est partout et à n’importe quelle heure.


Vous incorporez des disciplines de combat interdites en France, ces sports dangereux vous fascinent-ils ? si oui, pourquoi ?
Oui je suis allé puiser dans des combats célèbres de MMA et de Free Fight qui offrent des images terribles et parfois glaçantes prises en tant qu’images. Le travail a été de les décontextualiser pour reprendre uniquement les attitudes de corps et les pliures.
Prises dans ce cadre elles peuvent être fascinantes. Tout comme dans le travail du Caravage, personnage complexe affilié à des personnes de mauvaises vie (il a d’ailleurs commis un meurtre), la violence n’est jamais loin. Prenons le tableau de Judith et Holopherne, le sang se mêle à l’expression horrible du commandant assyrien Holopherne. Et pourtant la pureté émane de son visage et de son corsage blanc au parfait 2/3 du tableau.


Pourriez-vous dire que la violence peut-être belle ?
Je pense que seul notre esprit peut percevoir la violence. La nature ne conçoit rien de tel.
La violence, prise dans un cadre esthétique peut être fascinante. C’est à chacun de dire très personnellement si la beauté en émane.
Quand j’observe les états de corps, dégagés de tout affects,  je peux trouver de la beauté.


Vous avez aussi créé ce rapport de force avec votre spectacle Les Sauvages, cinq hommes ça peut faire peur en jogging mais en veste cravate beaucoup moins… Pourquoi montrer cela ? Est-ce fruit d’une expérience personnelle où vous vous êtes rendu compte que vous aviez fait peur à quelqu’un sans le vouloir ?
Dans Les Sauvages, ma dernière pièce, me réflexion s’est étendue à celle du groupe. Je me suis plongé dans une réflexion des ressorts de l’inclusion et de l’exclusion. De ce que l’on était prêt à mettre en oeuvre pour incorporer un groupe ou au contraire le dissoudre.
Et cela s’est accompagné d’une période d’observation accrue de groupes divers et variés. J’ai la chance de créer et d’expérimenter mes recherches un peu partout en France et d’observer autant les quartiers dit sensibles que les quartiers florissants.
Tout cela montre des êtres complexes et non manichéens. Dans les mouvances ultra au football (les hooligans) ou simplement contestataires ( black blocks ) viennent des gens de tous bords politiques et sociales. Mon angle a été d’offrir un éclairage sur les personnes complexes que nous sommes et comment le groupe peut être le révélateur de ces bouleversements et parfois de ses déchaînements.


Vous avez été danseur auprès de Prejlocaj, pourriez-vous nous raconter cette expérience ?
Angelin Preljocaj a été le premier chorégraphe à m’engager. C’était au sein du GUID ( Groupe Urbain d’Intervention Dansée) où nous reprenions son répertoirein situ. Cela m’a apporté une rigueur et un goût de la rencontre brute (face à face) avec le public. Nous allions sur les places de marchés, dans les hospices, les écoles, les quartiers nord de Marseille et dans les événements Hermès. Cela m’a réellement construit en tant qu’interprète.


Quel est votre rapport à la chorégraphie, que souhaitez-vous apporter à la danse contemporaine aujourd’hui ?
Contrairement à d’autres je n’ai pas eu “d’appel” à la chorégraphie. J’ai toujours su, depuis mes 2 ans, que je voulais être danseur mais je gardais un rapport distant à la chorégraphie. J’ai eu besoin de danser longtemps en compagnie et de découvrir ce monde, de l’apprivoiser. J’ai eu la chance d’avoir un parcours assez hétéroclite qui m’a permis de rencontrer des chorégraphes assez incroyables à qui je dois beaucoup. Je me réclame vraiment de cet héritage, de cet accumulation de vécu.


Votre rapport à la musique semble très charnelle aussi, avez-vous grandi près de la musique ?
Oui je viens d’une famille de musicien. Ma mère est flûtiste à Rennes et mes frères et soeurs sont eux-même chanteurs lyriques.Je crois que je n’ai jamais fait un repas de famille sans une cantate ou un lied en fond. J’ai fait 5 ans de violoncelle et garde une attention particulière à la place de la musique dans mes chorégraphies. Néanmoins mon inspiration ne part pas de la musique. je crois que dans l’inconscient collectif la musique est antérieure et préempte sur la danse, ce qui donne lieu à des non-sens comme ne pas pouvoir danser sans musique. Cela va à l’encontre de toute la musicalité du corps.


Il y a un rapport improvisé entre le guitariste et votre danse, mais votre danse est-elle complètement construite ou est-ce un spectacle différent chaque soir ?
Chaque instant est écrit et laisse juste place à l’interprétation. Pas d’improvisation au sens strict du terme dans la danse pour cette pièce là. En revanche Stracho Temelkovski le musicien, avec lequel nous avons composé toutes les couleurs et thèmes du spectacle, garde un rapport assez libre avec sa partition. Chaque soir sera différents mais il garde des “repères” avec nous, ce qui fait que cela ne sera jamais loin du soir d’avant.


Comment êtes vous arrivé à la danse ? Avez-vous aussi pratiqué des sports de combat ?
Je suis arrivé à la danse assez naturellement, à 2 ans et demie. En voyant de la danse je me suis mis à reproduire ce que je voyais et je ne me suis jamais arrêté. J’ai aussi pratiqué longtemps  l’escrime, du karaté et de l’aïkido. Cela me permettait de développer une autre écoute du corps que celle de la danse. J’ai eu besoin des deux.