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Benedicte Le Lamer – Artiste complète – Cultur'elles
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Benedicte Le Lamer – Artiste complète

Actrice, chorégraphe et metteur en scène de l’Oratorio


Vous êtes Mancelle, pouvez-vous nous raconter votre parcours en tant qu’artiste ?
Enfant, inscrite aux cours de danse,  je participais aux spectacles de fin d’année que nous présentions au théâtre municipal (rasé depuis et remplacé par le cinéma et les Quinconces) ou au Palais des Congrès. Très jeune je suis allée voir beaucoup de spectacles de danse. Il m’en reste de forts souvenirs : Galotta, Carolyn Carlson, et notamment Butô de Carlotta Ikeda. Le théâtre est arrivé un peu plus tard, vers 11 ans. J’ai suivi les ateliers théâtre au collège Berthelot. Dans la même période, j’ai eu la chance de voir des répétitions et spectacles de Didier Georges Gabily au théâtre de Chaoué à Allonnes et je découvrais les spectacles du théâtre du Radeau. Mes repères en ont été totalement renversés, je ne comprenais pas mais j’étais fondamentalement atteinte. Ensuite je suis partie à Paris, au lycée Molière, suivre une section théâtre  pour le bac. Après le bac et des études de lettres, je suis entrée à l’école du Théâtre National de Bretagne. Ensuite j’ai travaillé comme comédienne, notamment pour Claude Régy et j’ai co-fondé ma première compagnie installée au Mans.


Vous avez été obligée de partir à Paris à l’âge de 13 ans car aucune formation n’existait au Mans pour allier le théâtre et la danse. Qu’avez-vous pensé de cette expérience ? Y a-t-il maintenant au Mans un enseignement à horaire aménagé pour les lycéens ?
Disons qu’il n’y avait pas de lycée offrant une option théâtre, sauf je crois à Caen ou à Paris. Le TGV est arrivé, reliant plus rapidement Paris au Mans, et le lycée de Paris offrait plus de choix dans les langues. L’option théâtre a été mise en place au Mans deux ou trois ans après. Partir à 13 ans à Paris sans sa famille c’est jeune ; un peu trop. Cela confronte vite à un réel ignoré jusqu’alors. Mais je ne pensais qu’au théâtre. Et au lycée à Paris, il y avait un vrai petit théâtre où nous pouvions venir travailler tous les jours, répéter les scènes de Molière, Racine ou Tchekhov. Nous allions toutes les semaines voir des spectacles Je crois que mon premier spectacle de théâtre à Paris était « Hamlet » mis en scène par Patrice Chéreau à la grande halle de la Villette. Le lycée était jumelé avec la Comédie Française ; des comédiens de la Comédie Française venaient nous donner des cours et nous pouvions aller voir les “ couturières” (les avant-avant premières). Avec un peu de recul, je peux dire que j’ai vécu un certain âge d’or du théâtre et de la danse. Voir le dernier spectacle de Kantor à Beaubourg est une grande chance. Se confronter à tant de diversité ouvre le regard je crois.


Vous avez participé aux Jeunes Talents d’Allonnes, comment cela s’est-il passé ?
Cela s’est très bien passé j’ai adoré, j’ai terminé 1er de la catégorie “autres” et j’ai rencontrer d’autres artistes de mon âge avec qui on s’est très bien entendus.


Vous créez au Mans un oratorio très moderne autour d’un texte de Pavese. Que raconte ce texte ?
Il s’agit d’un des 27 dialogues avec Leuco qu’a écrit Pavese : « L’Inconsolable ». Tous ces dialogues mettent en jeu des figures de la mythologie. Dans ce dialogue, Orphée est interrogé par une Bacchante au sortir des enfers. Pour sauver Eurydice, Orphée, la sentant juste derrière lui, doit traverser les enfers sans se retourner. Alors qu’ils sont sur le point d’y parvenir, au dernier moment, Orphée se retourne et perd celle qu’il aimait. Ce seul mouvement (se retourner) est devenu, pour la littérature, la philosophie, la peinture, un sujet très inspirant. « Pourquoi Orphée s’est-il retourné? Par amour ? » lui demande la Bacchante au début du dialogue. Pavese nous donne son interprétation, loin des idées attendues ou convenues.
Lorsque Pavese écrit ces dialogues, nous sommes en 1946, juste après la guerre. Il a été témoin d’atrocités, de ce qu’un homme est capable de faire. Il a vu jusqu’où un homme peut pousser les limites de son humanité/ inhumanité.  «  Ce qu’est un homme, il est bien difficile de le dire ». Le texte ne se limite pas à une lecture, à une ligne d’interprétation, d’où sa profondeur. Il essaie de s’approcher au plus près de l’humain, d’atteindre un noyau de réel jusque dans ses molécules.


Vous intégrez musique, danse et platine moderne. Comment s’organise votre travail? Y a-t-il une part d’improvisation ou est-ce millimétré ?
Nous intégrons en effet texte, danse et platine. C’est le départ du travail et nous revenons toujours au texte. Je viens avant tout du théâtre, j’entends exprimer mon goût pour la littérature, pour l’écriture. Nous lisons et relisons le texte. Parallèlement nous commençons à improviser. J’ai posé les mêmes questions à Marion (qui est aux platines), aux danseurs, aux comédiens.
La forme que le spectacle a prise est cependant très écrite et -oui- millimétrée.
À l’intérieur de cette forme très écrite, l’enjeu pour nous est de rester toujours vivants, éveillés, de ne jamais rien mécaniser. C’est une des difficultés.


Votre plateau est multi-âges, vous avez invité un acteur de 80 ans. Que va-t-il faire sur scène auprès de vous ?
Axel danse et parle comme chacun des interprètes en plateau. Nathan, qui est danseur, parle aussi, et moi qui viens du théâtre, je danse également. Le plateau permet ces transgressions, ces changements de règne comme dans les Métamorphoses d’Ovide. J’espère que ce qui se voit, c’est quelque peu naïf mais c’est avant tout le fait que nous sommes des personnes. La différence d’âge sur le plateau crée immédiatement, sans que nous ayons à jouer quoique ce soit, un rapport au temps ; nous sommes immédiatement confrontés au temps qui passe et à une émotion sourde face à son écoulement inéluctable.
Pavese, sans le surligner, pose également cette question de la mémoire, de l’oubli, de la transmission. Que peut-on transmettre d’une époque, d’un temps donné de l’Histoire, d’une vie ?
Être devant Nathan qui a une trentaine d’années et Axel, octogénaire, nous propose de regarder cet écart le temps de la représentation. Mais y en a-t-il un ? Le plateau nous offre cette possibilité de suspendre nos habitudes.


Vous êtes metteur en scène, chorégraphe et acteur de votre spectacle. Comment faites-vous pour vous diriger vous-même ? Travaillez-vous avec des miroirs ? Une caméra vidéo ? L’instinct ? Un œil extérieur ?
Au début du travail et au long des répétitions, je ne pensais pas aller sur le plateau. Je l’ai intégré assez tard. J’ai donc dirigé presque toutes les répétitions depuis les gradins. Pour une des séquences dansées (un hommage à la chorégraphie d’« Orphée et Eurydice » de Pina Bausch) c’est Nathan qui m’a transmis la chorégraphie. Nous nous sommes relayés, il apportait le regard extérieur quand cela était nécessaire.


Vous avez une relation particulière avec les Quinconces- l’Espal, pouvez-vous nous raconter ?
J’ai beaucoup connu l’Espal, il y a 10 ans, nous y avons joué les premiers spectacles de ma précédente compagnie. Harry Rosenow nous avait fait confiance. À ce moment-là je concevais les spectacles avec Pascal Kirsch et je jouais mais je ne signais pas les mises en scènes.
J’ai invité Harry à venir voir « L’Inconsolable » à sa création à Paris en mars dernier, pensant que ce travail pourrait le toucher et, en effet, il a décidé de nous inviter pour son festival de danse. Je suis contente de pouvoir présenter le travail ici.


Les Quinconces-l’Espal ont obtenu le label Scène Nationale. Cela représente-t-il quelque chose pour vous ?
Il est certain que cela donne aux Quinconces un rayonnement plus grand, un statut qui les met au même niveau d’accueil de créations que d’autres théâtres de province reconnus. Le monde artistique professionnel reste encore très axé sur Paris


Oratorio– www.quinconces-espal.com